Pour ce dernier numéro de l’année, voici un FYI tout chaud pour affronter la neige :
- On commence par se demander si c’est la fin des réseaux sociaux. Car c’est bien connu : « Internet, ça ne marchera jamais ». Promis l’article a une lecture plus fine de la situation 😅
- Ensuite, on se penche sur la gestion des talents : et si on parlait désormais plus de rétention que de recrutement ? Le décryptage à découvrir en vidéo.
- Enfin, on s’interroge. L’autodérision en communication : décrédibilisant ou connivent ?
Bonne lecture et joyeuses fêtes de fin d’année ! On se retrouve à la rentrée.
L’ère des médias sociaux touche-t-elle à sa fin ?
Par Fabrice, expert de la conversation et du digital
Goodbye les boomers, Facebook est en déclin (-17 % d’engagement d’une année sur l’autre). Twitter est dans la tourmente et n’arrive pas à éponger sa dette malgré la reprise en main (violente) opérée par Elon Musk. Instagram semble à la peine avec des taux de couverture (reach) qui perdent environ 1 point par trimestre. Même les concepts de métaverse ne suffisent pas à donner un second souffle aux mastodontes du social media. Alors faisons-nous face à la fin d’une ère ? Est-on en train de voir émerger un new deal ? Petit tour d’horizon !
Il faut se l’avouer, les réseaux sociaux ne sont pas tous neufs. Ils ont émergé voilà bientôt 20 ans, sous les noms de Six Degrees, Hi5, Bebo et bien sûr, Facebook. Et dès le départ, leur proposition de valeur bouleverse radicalement les relations sociales : ils offrent la possibilité d’établir et de gérer des relations avec n’importe qui à travers le monde. Bien que destinés tout d’abord à créer des liens avec son cercle proche, ils engendrent rapidement une course effrénée au « plus gros réseau », révélant rapidement leurs premiers effets pervers.
En parallèle du développement du système de blog, la naissance de Twitter crée encore une nouvelle donne : chaque personne ou compte peut adresser des audiences de plus en plus larges. Les « émetteurs» luttent ainsi pour obtenir l’attention de leurs abonnés, quitte à prendre la parole sur tout et n’importe quoi. Ce contenu, qu’il soit divertissant, informatif ou apprenant, devient l’élément fondamental pour émerger dans ce qu’on appelle l’avènement de l’économie de l’attention. Dès lors, la fonction principale de ces plateformes n’est plus la connexion et l’interaction avec les autres mais bien la diffusion de contenus. Les réseaux sociaux sont morts, bienvenue dans l’ère des médias sociaux.
La recherche d’audience et d’engagement s’accélère avec la naissance des smartphones et d’Instagram. Nous sommes alors en 2009-2011 et 2 dérives nous amènent à ce que nous vivons aujourd’hui :
- Les usagers n’ont plus accès à leur cercle de confiance. Ils évoluent au sein de réseaux immenses, générant des flux infinis de contenus aux qualités variées. Jusqu’à l’obsession parfois, voire la saturation.
- La course à l’engagement favorise les idées les plus extrêmes. Car les contenus les plus partagés sont ceux qui génèrent des émotions. Couplé à la difficulté de modération de ces plateformes colossales, on obtient une polarisation du débat public, la montée en puissance des fake news et de la haine en ligne.
Aujourd’hui, le besoin et l’envie d’échange sont bien sûr toujours présents. Néanmoins, comme un signe de maturité dans cette crise de la vingtaine, les aspirations sont différentes. Le succès des nouvelles plateformes ou applications nous montre la voie.
Plus d’authenticité, de lenteur et de positif, c’est ce qui semble séduire au sein de la pépite américaine Gas. Son objectif affiché : « créer un endroit qui nous fait nous sentir mieux dans notre peau ». Les utilisateurs y répondent à des questionnaires pré-établis pour dire tout le bien qu’ils pensent de leurs amis d’école. Plus on est assidu, plus on a accès à du contenu qui nous concerne. C’est anonyme, les données ne sont pas conservées, le nombre de questionnaires accessibles par jour est limité et les contenus sont bienveillants. Autant d’éléments pourtant opposés au fonctionnement traditionnel des médias sociaux qui font aujourd’hui le succès du modèle Gas.
L’autre exemple type est le p’tit français BeReal. Pas de filtre, pas de grosses productions, l’application « feelgood » ne garde vos contenus que 24H. Ici les utilisateurs ont deux minutes à des moments aléatoires de leur journée pour partager un moment (en une photo) avec leur cercle proche. Une approche finalement très authentique pour renouer avec l’essentiel de son réseau de confiance.
Que peut-on en tirer pour les entreprises en matière de communication ? Comme vous l’aurez sans doute compris, vos audiences veulent se recentrer sur l’essentiel. Cela impose de les aborder différemment. Avec 2 mots d’ordre : utilité et sobriété.
- Utilité d’abord. Au sens de légitimité (ce sujet est-il en lien avec ma stratégie ou ma culture ?) et d’opportunité (répond-il à un besoin exprimé de ma cible, ici à ce moment-là ?).
- Sobriété ensuite. Pour faire face à l’enjeu climatique bien sûr, mais aussi pour sortir petit à petit de cette économie de l’attention dont les audiences saturent.
Produire moins pour produire mieux. Savoir écouter pour apporter les bonnes réponses. Choix des canaux, stratégies SEO, programmation éditoriale… sont alors autant d’outils pour réinvestir un art raisonné de la conversation à ses publics. En cultivant toujours l’authenticité pour retisser des relations de confiance perdues. Car finalement, des contenus spontanés, sans fioritures, portés par les femmes et les hommes de vos organisations, ne sont-ils pas une manière de recréer, autour de l’entreprise, les cercles communautaires des réseaux sociaux de la première heure ?
La fin de la gestion des talents telle que nous la connaissons ?
Par Géraud, expert planning strat’ et pilote de l’événement WAT x LinkedIn sur l’emploi
Votre offre d’emploi est publiée depuis plusieurs semaines et les candidats ne se bousculent pas ? Chacun de vos recrutements est complexe pour ne pas dire impossible ? Les notions de désengagement des collaborateurs, de quiet quitting ou encore de quête de sens vous interrogent ?
Jusqu’ici, rassurez-vous c’est « normal ». Comme l’ensemble des entreprises françaises vous vivez une pénurie de ressources humaines. Mais de quel ordre est-elle vraiment ? C’est LA question à laquelle nous nous sommes efforcés de répondre mardi 22 décembre en compagnie de notre partenaire LinkedIn France. Pour y parvenir, nous revenons notamment sur 3 éléments conjoncturels structurants : la grande démission, le quiet quitting et le désengagement. Comprendre ce que représentent vraiment ces phénomènes et comment ils impactent les entreprises sur le long terme est essentiel pour envisager des solutions. Tout cela impose d’aborder la gestion des talents sous un nouveau jour. On ne veut pas vous spoiler mais on entre dans une ère où nous allons davantage parler de rétention que de recrutement. Le décryptage complet est à retrouver dans cette vidéo.
Coups de cœur de l’autodérision
Par Céline, dénicheuse de contenus inspirants
Aimer (et défendre) le métier de communicant ne nous a jamais empêché d’avoir du recul et de pratiquer l’autodérision (sans modération d’ailleurs). C’est ainsi avec délectation que nous nous régalons des vidéos de la tiktokeuse Emily Zugay (3,9 millions d’abonnés) qui, fort de son diplôme en design, s’applique à recréer les logos qu’elle juge « moches » ou « sans aucun sens ». Un rebranding au 3e degré, à aller voir de toute urgence si vous n’avez pas encore fait la connaissance d’Emily.
Et sur le même ton, mais côté éditorial cette fois, notre dernière trouvaille en date, c’est Grandpamini. Ce « DJ galactique » aux 32 000 followers propose chaque mercredi une nouvelle publication parodique plus vraie que nature. Jusqu’à ce que l’on s’attarde sur les titres. En maniant l’humour potache, le CEO de Grandpamini Éditions, critique gentiment travers humains et faits de société en singeant au passage la presse kiosque. A découvrir ! Et si un peu d’autodérision ne fait pas de mal à notre égo de communicant, faut-il l’adopter pour sa marque ? Pourquoi pas. Si l’on sait le doser, cela peut même être un véritable atout. A l’image de la dernière campagne Pierre & Vacances qui moque son défaut d’image ou des derniers vœux de Publicis qui se « trollent » eux-mêmes pour la bonne cause.
Car, oui la période est à l’authenticité, aux engagements et au sens. Mais voilà, dans cet océan de bons sentiments et face à la vague d’ironie amenée par le digital, il est bien difficile d’émerger. Et pour affronter l’année 2023 qui s’annonce, nous ne pouvons que plaider pour un peu d’humour et de recul critique. Pour susciter l’intérêt, cultiver la complicité, dédramatiser les enjeux et trouver ensemble la voie pour relever les défis. Avec sérieux, mais sans jamais se prendre au sérieux.
Belle fin de semaine à tous et on se retrouve début janvier !
La team We are together