24 mai 2022, 11h30, Salvador Ramos, un jeune homme de 18 ans tue une vingtaine d’enfants lors d’une fusillade dans une école primaire au Texas. Un événement loin d’être isolé qui a fait déferler une vague de protestation ces dernières semaines aux Etats-Unis. Et qui pose la question suivante : comment éveiller les consciences face à de telles tragédies ? Retour sur les campagnes de communication et de mobilisation, parfois inattendues et subtiles, dont ont usé les médias et activistes américains.
- L’immersion pour prendre conscience : le 28 mai dernier, le journal The Dallas Morning News proposait dans sa une un format totalement immersif détaillant de façon très précise, presque minute par minute, les événements de la fusillade du 24 mai. Une simplicité puissante et une immersion totale qui facilite la prise de conscience.
- Marteler pour révolter : Fond noir, 15 phrases quasi identiques écrites en blanc… et rien d’autre sur la une du Sunday Review du 29 mai 2022. « Authorities said the gunman was able to obtain the weapons legally*». Une image pleine de simplicité et qui, pourtant, fait réagir par le procédé rhétorique qu’est l’anaphore. Le martellement par la répétition est un procédé efficace, vecteur de contestation et de révolte.
* »Les autorités ont déclaré que le tireur a pu se procurer des armes légalement ».
- L’absurdité pour indigner : Quel est l’objet le plus dangereux entre un œuf Kinder et un fusil d’assaut ? C’est la question que posait l’association américaine Moms Demand Action en 2013, lors d’une précédente fusillade de même ampleur. Dans cette excellente campagne de sensibilisation, l’association présentait plusieurs clichés de deux enfants : un tenant une arme, l’autre un objet a priori inoffensif comme un ballon de basket, un conte du petit chaperon rouge ou un œuf Kinder. Il se trouve qu’à chaque fois, ce n’est pas l’arme mais l’autre objet qui avait été interdit pour la sécurité de l’enfant. « Why not assault weapons ? – Pourquoi pas des armes d’assaut ? » s’interrogeait l’association. Jouer sur l’absurdité : un excellent moyen de créer un sentiment d’indignation et de susciter une réaction chez le public.
- La projection pour s’insurger : Des lycéens de la ville de Columbine, où a eu lieu une des premières fusillades de masse dans une école, ont lancé en 2019 le #MyLastShot. Le principe : placer un autocollant sur sa carte ou son permis de conduire sur lequel est inscrit « In the event that I die from gun violence please publicize the photo of my death #MyLastShot – Si jétais amené à mourir d’une attaque à l’arme à feu, s’il vous plaît, publiez la photo de ma mort ». Au-delà du jeu de mot macabre autour du mot shot (cliché/coup de feu), c’est un moyen pour les jeunes de s’emparer de ce sujet pour bouleverser les consciences mais aussi pour exhiber la violence crue et abjecte par une forme de détournement. Sans même montrer directement la photo d’un cadavre mutilé, l’idée qu’elle puisse exister un jour est, d’ores et déjà, choquante. Un moyen de jouer sur la projection en imaginant un futur désirable (ou non) afin de susciter une réaction.
Ces mécanismes de communication peuvent s’appliquer à chaque fois que l’on souhaite créer un (r)éveil chez le public. Si le message n’est pas perçu de prime abord, il existe différentes manières de le faire entendre à travers l’immersion, le martellement, l’absurdité ou encore la projection. Autant de leviers à garder en tête et à activer dans vos communications de sensibilisation.
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